jm fichot

 

Jean-Michel Fichot s’inscrit dans la lignée de ces artistes inclassables (dans une catégorie fondée sur le mode d’expression) tant leur travail est traversé par le souffle de leur vie intérieure, contrôlé avec art et finesse.

C’est dans le jeu des oppositions, de l’entre deux à la limite, que Jean-Michel Fichot a tissé sa toile, tendue entre la figuration et l’abstraction, entre la rigueur classique et la folie de la forme baroque, et, si les références aux maîtres anciens et modernes sont nombreuses, son œuvre est atemporelle.

En dix ans, de nombreux thèmes ont été abordés : Enfeus, Monde-Femme, Afrique, Divas, Enlèvements, Alignements, se déclinant les unes des autres, dans une logique qui se voudrait rigoureuse, mais constamment débordée par l’imaginaire. La multiplicité des formes est sous tendue par deux idées directrices : la déformation et la répétition.

A partir d’une forme figurative, matrice mère, vont se générer au fil de déformations répétées une foule de rejetons que l’artiste emploie ensuite  à la réalisation de ses sculptures, procédant par mises en séries, accumulations, regroupements, ou au contraire par séparations, isolements, véritable combinatoire, où le choix nécessaire à chaque instant tranche ce qui sera dans cet univers infini des possibles. Evolution par glissements successifs d’une œuvre où, dans une apparente monotonie, se déploie une immense richesse, un monde, où tout s’associe et se contredit, dans une volupté non dissimulée, partageant le spectateur entre l’attirance et la mise à distance craintive.

Gilbert Lascault dans le texte qu’il lui a consacré, mentionne cette phrase de Paul Valéry : « Le fusain de Monsieur Ingres poursuit la grâce jusqu’au monstre… ». A l’inverse, Jean-Michel Fichot poursuit le monstre jusqu’à la grâce.

 

Marie-Emmanuelle Guillaume.